• Inicio
  • La sélection en race salers

La sélection en race salers

L’amélioration génétique permet de faire évoluer dans le temps les populations, de façon à garder des phénotypes intéressants sur le plan économique. Deux outils principaux assurent la mise en œuvre de cet objectif : l’évaluation et l’indexation des animaux dans un premier temps, la sélection et les accouplements dans un second temps.

La sélection animale vise à détecter les reproducteurs mâles et femelles présentant les valeurs génétiques estimées les plus élevées. Ceci permet de raisonner au mieux les accouplements de ces reproducteurs, grâce aux indexations. En effet, indexer un animal revient à estimer sa valeur génétique à partir de toutes les données disponibles, en estimant au mieux la part due aux " effets du milieu ".

1 - Concertation de la filière

Avant de mettre en place un schéma de sélection, il est nécessaire de se fixer des objectifs de sélection. Cette première étape permet donc de définir :

- les orientations de la race : elles sont le résultat d’une demande d’une filière de production et de transformation, de distribution et de services. La réflexion porte alors sur des critères technico-économiques, qu’il faut traduire en termes zootechniques et génétiques. Les orientations sont donc inéluctablement liées au marché.

- les objectifs de sélection : c’est un caractère, ou une combinaison de caractères, que l’on cherche à améliorer et sur le(s)quel(s) portera le progrès génétique. Ces caractères ne sont pas toujours mesurables sur un animal candidat à la sélection (exemple de la production laitière pour un taureau). Un objectif de sélection est défini par rapport à un système de production donné.

- les critères de sélection : ils permettent le classement et le tri des reproducteurs. Ce sont les caractères sur lesquels portera directement la sélection. Dans la mesure du possible, ils doivent réunir plusieurs conditions afin d’optimiser l’amélioration génétique de la race. En effet, un critère de sélection est d’autant plus efficace :

qu’il peut être mesuré sur un individu ou sur les apparentés,

qu’il a une bonne héritabilité,

qu’il est corrélé positivement avec les objectifs de sélection, et si possible avec d’autres caractères non retenus dans l’objectif de sélection.

Par ailleurs, la mesure du critère de sélection doit être la moins onéreuse possible. Plus les données sont disponibles rapidement (par rapport à l’âge de l’animal à évaluer), et plus la diffusion du progrès génétique se fait vite.

2 - Objectifs et critères de sélection en race Salers

Production de broutards

- broutards race pure : 320 kg sans complémentation à 9 mois (soit une croissance de 1 000 à 1 100 g/j) conformation minimum R+
- broutards en croisement : 350 kg dans les mêmes conditions ( soit une croissance de 1 100 à 1 200 g/j) conformation minimum U=

Remarque : seule une bonne valeur laitière (de 1 800 à 2 000 kg de lait minimum) permet ce type de production sans complémentation. Les mamelles et trayons devront également faire l’objet d’une attention particulière

Production de taurillons

- taurillons race pure : carcasse de 400 kg, classée U- / R+ à 18 mois
- taurillons croisés : carcasse de 410 kg, classé U= / U+ à 17mois

Production de génisses de boucherie :

- génisses pures de 36 mois ± 6 mois, 350 kg ± 20kg, conformation minimum R+
- génisses croisées de 36 mois ± 6 mois, 380 kg ± 30kg, conformation minimum U-

Production de bœufs

Bœufs purs de 32 mois ± 8 mois, 400 kg ± 50kg, conformation minimum R

Production de vaches de réforme 

- Vaches < ou = à 9 ans avec un poids carcasse minimum de 350 kg et une conformation minimum R
- Vaches au delà de 9 ans exceptionnelles, à utiliser pour le renouvellement, vaches à très haut potentiel génétique (présentant toutes les garanties de production non " détrônées " par leurs filles).

3 - Le schéma de sélection

Organisation

Le schéma de sélection Salers fait appel à la sélection combinée, synthèse des 3 méthodes de sélection classiques : la sélection sur ascendance, les performances individuelles et la sélection sur descendance. Ces méthodes se distinguent par l’origine de l’information (performances des animaux) qui sert de base à l’estimation de la valeur génétique des individus.

Sélection sur ascendance

Le choix des animaux se fait en fonction de l’estimation de la valeur génétique des parents. Cette méthode nécessite donc un enregistrement rigoureux des filiations, mais elle est simple à appliquer. Cependant, elle est souvent insuffisante et doit plutôt être considérée comme une information préliminaire qui sera complétée ultérieurement (si possible).

Ce type de sélection peut permettre un choix très sévère des animaux, un intervalle de génération minimum*, mais la précision de la sélection (donnée par le coefficient de détermination) est souvent faible.

Sélection individuelle

Les performances propres de l’individu servent de référence pour le choix des animaux. La mise en place de ce type de sélection est simple, à condition bien sûr que le contrôle de performances soit possible. La précision de la sélection est bonne, notamment pour les caractères héritables*. L’intervalle de génération est faible en général, et minimum pour les caractères mesurables avant la mise à la reproduction.

Sélection sur descendance

Les performances des descendants sont intégrées dans le calcul de l’indexation des animaux. L’intervalle de génération est donc plus important que dans les deux méthodes précédentes. Ce type de sélection est nécessaire lorsque les animaux à évaluer sont susceptibles d’engendrer une grande descendance sur plusieurs campagnes (taureaux d’insémination animale, donneuses d’embryons), et lorsque la mesure des caractères est impossible sur les candidats (exemple de la production laitière pour un taureau). Cette méthode peut également s’appliquer dans le cas de caractères pour lesquels la sélection sur ascendance et la sélection individuelle sont peu précises.

Ainsi, l’utilisation conjointe de plusieurs méthodes de sélection permet de combiner les avantages de chacune : c’est la mise en place du programme de sélection. Cette organisation permet également de réaliser les accouplements des meilleurs reproducteurs entre eux.

A un niveau individuel, chaque éleveur peut également combiner les avantages de ces méthodes. En effet, choisir ses animaux en fonction des origines (c'est-à-dire sur ascendance) est déjà une bonne chose, mais il est primordial de prendre en compte également les performances de l’individu, et celles de ses descendants.

Constitution d’un noyau de femelles

Ce noyau de femelles (mères à taureaux) est défini dans le but de procréer des mâles susceptibles d’être les reproducteurs de l’avenir. Un programme d’accouplements avec les taureaux actuels correspondants aux objectifs définis peut alors se faire (en fonction cependant des qualifications sanitaires des troupeaux).

Ces accouplements raisonnés, pour les femelles sélectionnées, se font en fonction de leurs performances propres (production — reproduction) et intègrent les pointages Bovins Croissance au sevrage (index IBOVAL) et les pointages Herd-Book Salers adultes.

Le but est de programmer des accouplements sur environ 150 femelles. Pour cela, 250 femelles possibles seront retenues afin de pallier à diverses annulations (animal vendu, éliminé, refus de certains éleveurs…).

Les mâles nés des accouplements sont proposés à l’entrée en station (si la période de naissance correspond, soit du 15/12 au 15/03), ou à la vente sur un catalogue commun à tous les organismes (pour ceux nés hors période station). Ils peuvent également être gardés par le naisseur. Dans tous les cas, l’évaluation de ces mâles par une commission est l’objectif recherché (d’où la nécessité de rester dans un élevage connecté).

Les meilleurs taureaux seront repris pour l’insémination animale (à la condition de correspondre aux normes sanitaires en vigueur).

Les femelles nées de ces accouplements viendront alimenter la population potentielle des mères à taureaux.

Les critères de choix

Il est impératif de tenter de conserver les critères " fondamentaux " de la race : Fnais (³ 95), IVV (£ 390), production laitière, tempérament, mamelle. Il n’existe pas d’index pour le tempérament actuellement. Cependant, toutes les vaches jugées " sauvages " sont éliminées, quelques soient leurs index.

La constitution du noyau de sélection (1ère catégorie de femelles), à partir du fichier femelle et d’élevages connectés (inscrits ou non), se fera en retenant les animaux remplissant les conditions suivantes :

La mise en œuvre de ce programme d’amélioration génétique en race Salers a pu se faire grâce à la volonté de chaque organisme de la filière de travailler ensemble. Ainsi, cette démarche intègre le personnel de Bovins Croissance, du Herd-Book Salers et de l’UALC. Chacun a su se positionner et agir autour d’un projet commun.

 

 

 

 

* intervalle de génération : âge moyen des parents à la naissance de leurs produits susceptibles d’être conservés pour la reproduction.

* héritabilité : pour un caractère donné, c’est la part de la variabilité qui est d’origine génétique.